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Quelques exemples

Vous trouverez sur cette page plusieurs parcours de films différent. Ces exemples démontrent qu’une écriture documentaire s’inscrit sur le temps long pour nourrir un film.

Exemple 1: Temps Plein

Voici un premier exemple avec le film Temps Plein (2016). Ce film débute avec le souhait initial, exprimé par Arnaud l’un des auteur·e·s du film, de documenter la scène musicale underground française, mais voilà: par où commencer?

Le premier « coup de manivelle » se fait à l’occasion d’un concert organisé dans le salon de Bastien, membre du collectif En Veux Tu En V’là, organisateurs de concerts sur Paris.

Cette première expérience en amène une seconde: un entretien en focus group avec le collectif pour aborder les caractéristiques de l’espace de pratique et de partage qui caractérise « la scène ». Arnaud, qui connaît bien la scène (il est musicien et travaille à l’époque dans une salle de concert), pose les questions.

Nous reproduisons ici un dispositif bien connu qui permet, à travers le dispositif de question – réponse, de faire émerger des informations sans qu’une écriture préalable soit nécessaire. C’est le principe de l’interview télévisée.

Dans les faits, cette matière s’avérera difficilement exploitable (voire inexploitable) au moment du montage. Ce temps est néanmoins important pour la construction du film. Il permet de fédérer une équipe autour d’une ambition de film commune, de tester un dispositif de tournage et ses limites, mais aussi et surtout de réaliser un premier entretien exploratoire pour découvrir les caractéristiques de la scène et ses problématiques. En voici quelques unes possibles d’après ce premier entretien:

Comment développer une expertise pour organiser des concerts? Comment la culture punk D.I.Y. nous aide-t-elle à réfléchir à une forme de travail émancipé? Comment organiser sa vie pour mener une activité qui devient parfois une seconde vie? Comment conscientise-t-on la surreprésentation masculine dans les milieux culturels underground et quelles mesures sont prises pour lutter contre ?

D’autres temps de tournage sont organisés, dont une série de concerts filmés à la Miroiterie, un ancien squat artistique fermé en 2013. Ces images n’apparaissent pas dans le film, mais elle participent à alimenter sa démarche documentaire en repérant des personnalités intéressantes (dans une logique de casting documentaire), à repérer des lieux (repérage documentaire) et à tester des dispositifs de tournage. Tout cela participe à alimenter la réflexion de l’équipe et l’écriture du film, même si là encore, les images ci-dessous n’apparaissent pas dans le film.

Toutes ces réflexions aboutissent à la rédaction de plusieurs versions de scénarios (et de plusieurs titres), dont celle-ci.

Ce scénario permet à l’équipe de se structurer autour d’une idée commune et de créer le film qui suit:

Exemple 2: Ressusciter les rivières

Voici un deuxième exemple avec le film Ressusciter les rivières en cours d’écriture. Le film s’inscrit dans un processus de recherche au long cours amorcé en 2012 avec une première visite en Inde, à la recherche d’initiatives sociales à documenter. Ce premier temps exploratoire conduit à la réalisation d’un film esquisse tiré des rushs de repérages réalisé lors d’une visite au Barefoot College, dans le Rajasthan.

Lors d’une seconde visite en 2016, la rencontre avec Rajendra Singh, « l’homme qui ressuscite les rivières », permet de réaliser un second film esquisse du même nom. Le casting documentaire se précise.

Lors d’une troisième visite en 2020, un dispositif de mise en scène mêlant entretiens face caméra en plan large (pour montrer la personne et l’environnement dans lequel elle s’inscrit) est expérimenté. Les repérages permettent d’identifier de nouveaux lieux, mais aussi des thématiques plus définies.

Ce temps de tournage aboutit à un nouveau film esquisse, plus court, mais aussi plus précis.