Préparer son découpage
Là encore, il existe sans doutes autant de méthodes que de cinéastes. L’important est de relever les informations significatives qui auront un impact sur les choix de mise en scène. De même, ce qui vaut pour un tournage (direction de lumière, son, espace) ne vaut pas pour un autre. Chaque projet comporte ses propres problématiques. Le but d’un repérage est précisément de problématiser ces éléments. C’est ainsi qu’on en vient à préparer son découpage. La méthode que nous proposons ici est la plus dépouillée possible: elle consiste à dresser des hypothèses. D’après le travail de documentation et de repérage le.la réalisat.eur.rice doit imaginer son film et constituer une liste d’éléments clé sous la forme de plans qui lui paraissent nécessaire pour le futur montage.
- Identifier les espaces: tout ce qui peut faire sens à l’écran compte, tout ce qui peut être problématique aussi. Seront évalués la lumière, les couleurs, le son ambiant, l’accoustique et aussi le rapport à l’espace: où puis-je placer ma caméra? Puis-je placer ma caméra sans que cela pose problème? Aurai-je assez de champ? etc.
- Identifier les protagonistes: il s’agit repérer les protagoniste clé qui comptent le plus pour faire avancer le récit dans la séquence pressentie.
- Identifier les actions clé: la question « que se passera-t-il à priori? » en induit une autre: « comment puis-je le filmer? » et éventuellement « quoi quoi aurai-je besoin pour cela? ». Elle est donc très importante.
- Identifier les détails: les détails peuvent caractériser un espace ou un personnage. Les relever permet d’appréhender la matière que nous viendrons chercher lors du tournage.
Tous ces éléments permettent de constituer une liste de choses à filmer. Libre à vous de construire cette liste comme vous le souhaitez, depuis le classeur Excel jusqu’à la bande dessinée, pourvu qu’elle soit claire pour vous.
Quelques règles
Comme toujours, les règles sont faites pour être contournées. Cependant, il existe des réflexes qui, lors d’un tournage, peuvent s’avérer très précieux.
- Varier les échelles de plan: il sera toujours plus sécurisant pour le montage de multiplier les prises de vue d’un même élément en faisant varier les échelles de plan.
- Mieux vaut trop que pas assez: il est toujours bon d’avoir un peu plus de matière que prévu.
- Prévoir des plans B: la capacité à s’adapter à l’imprévu et plus exactement à faire de l’imprévu une opportunité est sans doutes la plus grande qualité d’un.e cinéaste et particulièrement d’un.e documentariste.
Ce que l’on peut anticiper, ce que l’on n’a pas anticipé, ce que l’on ignore ne pas avoir anticipé
Cette dernière remarque nous amène vers un point de réflexion essentiel. Nous avons décrit le repérage comme un temps durant lequel sont formées des hypothèses. Ce temps repose donc sur l’anticipation des éléments qui caractérisent un tournage, mais aussi des imprévus. Toutefois, la personne la plus efficace, la plus méthodique et la plus expérimenté ne sera jamais à l’abris de ne pas avoir anticipé une situation inédite. Il est donc important pour les cinéaste de cultiver une certaine disposition à l’improvisation. Une personne bien préparée ayant mené un repérage rigoureux sera toujours plus outillée pour appréhender un bouleversement imprévisible, mais un.e cinéaste préparé à gérer une situation qu’elle n’aura pas vu venir et plus encore à lui donner du sens pour en faire instantanément une opportunité de réecriture sera prêt.e à faire un film, quoi qu’il arrive.